Bloc Humanitaire
23.06.2022

Le monde ne sera plus le même ou la cruauté sans limites

À cinq heures du matin, le 24 février 2022, la Russie, en violation flagrante de toutes les normes du droit international, a lancé une invasion militaire à grande échelle de l’Ukraine. Justifiant son insolence par des raisons tout à fait fictives, l’armée de la Fédération de Russie a amorcé une offensive simultanée aérienne, maritime et terrestre. Des frappes de missiles ont été menées sur tous les sites importants du complexe militaro-défensif dans diverses régions du pays. L’Ukraine s’est réveillée sous le feu, mais ce n’était que le début de la guerre la plus brutale de l’histoire du XXIe siècle.

Le monde ne sera plus le même ou la cruauté sans limites

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé par l’occupation de la péninsule de Crimée en février 2014. En avril de la même année, l’armée russe est apparue sur le continent ukrainien lorsque des troupes sans symboles d’identification sont entrées dans les régions de Donetsk et de Louhansk pour soutenir les groupes terroristes dirigés par le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie (FSB). En conséquence, la guerre en Ukraine dure depuis huit ans. Cependant, ce n’est que maintenant que le monde entier a vu la vraie Russie dans toute son inhumanité.

Contrairement aux fausses assurances de Poutine d’une « opération militaire »  visant exclusivement les troupes ukrainiennes, il n’est plus possible de dissimuler les crimes de son armée contre les civils. À l’heure actuelle, pratiquement toutes les régions d’Ukraine sont soumises à des bombardements aériens, et les infrastructures et les installations civiles en souffrent. Des combats ont lieu dans l’est et le sud de l’Ukraine, tuant des milliers de civils, et les villes occupées connaissent une catastrophe humanitaire et des atrocités dont le monde n’a pas été témoin depuis la Seconde Guerre mondiale.

L’Ukraine se défend, suscitant l’admiration à travers le monde. Elle a arraché le masque de la « deuxième armée du monde », révélant son vrai visage : cruel, cynique et ivre. Cette guerre a uni l’ensemble du monde civilisé contre la barbarie, la cruauté, et le cynisme inhumain. Les plans ambitieux du leader du Kremlin pour une guerre éclair ont échoué. Incapable même de nourrir ses soldats, Poutine a ordonné à toutes les unités de passer à l’autosuffisance, donnant ainsi le feu vert au pillage, qui s’épanouissait déjà dans les territoires occupés. Le cambriolage d’épiceries et de magasins d’électronique est devenu la signature de l’armée russe. Il est apparu que les appartements et les maisons de la population civile ont également été pillés. Selon bbc.com, Human Rights Watch a présenté des preuves de crimes commis par l’armée russe contre des civils dans les régions ukrainiennes temporairement occupées de Tchernihiv, Kharkiv et Kiev. Il s’agit notamment de viols, d’exécutions, de pillage des biens et d’autres actes de violence et de terrorisme contre des civils сommis entre le 27 février et le 14 mars 2022. Les responsables de ces actions sont des criminels de guerre, selon le rapport de Human Rights Watch.

Les nouvelles de meurtres brutaux, de viols et de pillage dans les territoires temporairement occupés ont commencé à faire surface dès les premières semaines des hostilités. Cependant, lorsque l’armée ukrainienne a finalement chassé les forces d’occupation de la région de Kiev, le monde entier a frémi devant ce qu’il a vu. Boutcha, Irpin’, Hostomel, Velyka Dymerka, Peremoha, Kharkiv, Marioupol, Tchernihiv – voici une liste non exhaustive des localités qui ont subi des atrocités de la part de l’armée russe.

Des jardins d’enfants, des écoles, des hôpitaux et des églises bombardés, des routes et des ponts détruits, des rues entières brûlées ne peuvent pas être vus sans avoir envie de pleurer. Mais les faits réels concernant les milliers de victimes civiles sont une source de frustration et de rage qui laissent sans voix et déchirent le cœur… Des hommes avec les mains liées dans le dos abattus d’une balle dans la nuque, des femmes tuées dans leur arrière-cour pour avoir osé sortir des sous-sols, des enfants écrasés par des chars à la périphérie ou tués par des mitrailleuses. Des Ukrainiens torturés, tués, violés, mais pas brisés… C’est effrayant d’imaginer ce qu’ils ont dû endurer en moins de cinq semaines de guerre.

Dans son reportage de Boutcha, le journaliste de la BBC Joel Gunter raconte des détails qui donnent le frisson : « Les troupes russes ont défoncé le portail de la maison de Volodymyr, ont ouvert le feu sur la maison et ont traîné Volodymyr, 72 ans, sa fille Iryna, 48 ans, et son mari Oleg, 40 ans, dans la cour. Selon Volodymyr, les soldats ont emmené Oleg au-delà du portail, sur le trottoir, et ont lancé une grenade à travers la porte d’entrée de la maison, qui a détonné causant une explosion assourdissante et mis le feu à la maison. Volodymyr a pris un petit extincteur et a essayé en vain d’éteindre les flammes. “Où est Oleg ? Oleg va nous aider”, a-t-il crié à sa fille. Mais la réponse est venue d’un des soldats russes: “Oleg ne t’aidera plus.” Selon Iryna, ils ont trouvé Oleg sur le trottoir à l’extérieur de la porte, et il était clair, vu la façon dont il était allongé, qu’il avait été forcé de s’agenouiller et qu’on lui avait tiré une balle dans la tête à bout portant. Oleg était soudeur et menait une vie tranquille au coin de la rue Iablonska à Boutcha. Il a été enlevé de chez lui et tué. » Et ce n’est qu’une des milliers d’histoires.

« Le viol est une arme de guerre. Bien que nous ne connaissions pas encore toute l’étendue de son utilisation en Ukraine, il est déjà clair qu’il faisait partie de l’arsenal de la Russie. Des femmes violées devant leurs enfants, des filles devant leur famille, comme un acte délibéré d’assujettissement. Le viol est un crime de guerre », a déclaré l’ambassadrice du Royaume-Uni en Ukraine, Melinda Simmons.

Les faits révélés au monde sont horribles. Le problème le plus douloureux est, bien sûr, celui des enfants. Au 5 avril, la mort de 165 enfants a été confirmée dans le pays, selon la commissaire aux droits de l’homme du Parlement ukrainien, Lyudmila Denisova. Mais le nombre réel d’enfants morts et blessés est actuellement impossible à établir en raison des hostilités actives dans de nombreuses villes ukrainiennes. Le bombardement impitoyable du théâtre dramatique de Marioupol a suscité une vague d’indignation dans le monde entier.  L’abri anti-bombes du théâtre servait de refuge pour environ un millier de personnes, dont la plupart étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées. Le mot « enfants » était inscrit en russe en larges lettres visibles du ciel devant et derrière le bâtiment.

Le bombardement de la maternité et de l’hôpital pour enfants à Marioupol a fait couler beaucoup d’encre. La photo d’une femme enceinte blessée est devenue virale, et on a appris plus tard qu’elle était morte avec son enfant à naître. Au total, 17 personnes ont été blessées à ce moment-là, trois sont mortes, dont un enfant.

Si les crimes décrits ci-dessus peuvent encore être attribués à des méthodes d’intimidation, des tentatives de maîtriser par l’humiliation ou à forcer les autorités ukrainiennes à capituler, alors la cruauté envers les animaux est inexplicable. Nous voyons des images horribles d’animaux abattus dans les rues des localités occupées, y compris des chiens, du bétail et des chevaux. À Hostomel, une étable avec 32 chevaux a été incendiée par les occupants. Seuls quelques animaux ont réussi à s’échapper des flammes violentes.

Les animaux du zoo XII Mois, situé dans la banlieue de Kiev, ont également souffert. Pendant toute la durée de l’occupation, les militaires russes ne permettaient pas au personnel du zoo de nourrir et d’abreuver les animaux. Le 5 avril, Oleksandr Feldman, propriétaire de l’écoparc Feldman près de Kharkiv, a déclaré qu’à la suite des frappes aériennes de la veille, le parc avait été détruit. Les enclos des tigres et des lions ont été endommagés, ainsi que le bâtiment abritant des ours, et de nombreux animaux sont morts.

Au 4 avril, le Bureau du procureur général de l’Ukraine a enregistré 4 240 crimes de guerre et engagé des poursuites pénales. Les pays européens et les États-Unis sont prêts à mettre à disposition leurs spécialistes pour enregistrer et enquêter sur les crimes commis par l’armée russe en Ukraine afin que les auteurs soient punis. Cependant, la guerre est toujours en cours et le nombre d’enfants tués augmente chaque jour, les femmes continuent d’être violées, les infrastructures et les biens civils sont détruits et des régions entières sont anéanties.

Ces crimes semblent particulièrement сyniques à l’approche de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quatre-vingts ans plus tard, le mal du régime fasciste est revenu en Europe sous la forme de Poutine, qui tente d’imposer son idéologie au monde avec les mains sanglantes de l’armée russe. Depuis de nombreuses années, la célébration du Jour de la Victoire en Russie s’accompagne du slogan « Nous pouvons répéter ». Accéder à Berlin par les chars et redessiner les frontières de l’Europe, c’est ce que cela signifie. Désormais, l’Ukraine est presque la seule à stopper l’avancée de cette machine de mort. Si son indépendance s’effondre, la réalité des villes en ruine, des enfants assassinés et des femmes violées frappera à la porte de chaque Européen.

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